Travaux d'automne

La gestion automnale des prairies pour chevaux

L'automne est une saison charnière pour la gestion des prairies équines. Les actions que nous menons à cette période ont un double impact : elles permettent de valoriser au mieux l'herbe disponible avant l'hiver, mais elles préparent surtout la santé et la productivité de la prairie pour l'année suivante.

Une prairie est une culture pérenne.

Les espèces végétales présentes une année sont la conséquence directe de la gestion des années précédentes. Si le printemps, avec sa pousse explosive, pardonne plus facilement les petites erreurs de gestion, l'automne est beaucoup moins indulgent. La croissance de l'herbe ralentit considérablement à l'approche de l'hiver, et une erreur, comme la création d'un trou dans le couvert végétal, ne sera pas corrigée rapidement. Cet espace nu laissera alors le champ libre aux plantes indésirables (adventices) pour s'installer.

Il est donc essentiel de comprendre la dynamique de la prairie à cette saison pour prendre les bonnes décisions.

Dynamique de la pousse de l'herbe en automne

La croissance de l'herbe suit un cycle connu : un pic de pousse majeur au printemps, suivi d'un ralentissement estival, puis d'un second pic de croissance à l'automne. Ce regain de pousse automnal est un phénomène naturel lié à l'amélioration des conditions climatiques (températures plus douces, retour de l'humidité) et à la physiologie même des graminées qui sortent de leur repos estival.

Cette pousse existe et doit être exploitée.

Une prairie non (ou mal) exploitée évolue : sa composition végétale change, elle perd ses qualités fourragères, supporte moins bien le pâturage et peut voir apparaître des plantes toxiques.

Cependant, la pousse automnale est moins vigoureuse que celle du printemps. Par exemple, des mesures réalisées au Luxembourg montrent une pousse printanière pouvant dépasser les 100 kg de matière sèche (MS) par hectare et par jour, de quoi nourrir une dizaine de chevaux. En automne, cette pousse sera nettement plus modérée, de l'ordre de 20 à 50 kg de MS/ha/jour.

Un premier indicateur clé pour vous : si votre prairie ne pousse quasiment pas en automne (hors conditions climatiques exceptionnelles), c'est probablement le signe d'un problème sous-jacent : fertilité du sol insuffisante, tassement, flore dégradée, etc. Inversement, si elle pousse autant qu'au printemps, cela peut signifier que son potentiel printanier n'avait pas été atteint.

La qualité nutritive de l'herbe d'automne

La grande différence entre l'herbe de printemps et celle d'automne réside dans sa structure. La plante "sait" que l'hiver approche et que les jours raccourcissent. Son objectif n'est plus de produire des tiges et des épis pour se reproduire (monter en graine), mais de constituer des réserves dans ses racines pour survivre à la saison froide.

Il faut cependant bien distinguer deux types de fourrage que l'on peut trouver à l'automne :

L'herbe feuillue de repousse : Issue d'un pâturage ou d'une fauche récente. C'est le fourrage de meilleure qualité.

Le "stock sur pied" : De l'herbe qui a poussé au printemps ou en été, qui a fait ses épis et qui est maintenant sèche et morte. Il s'agit de tiges jaunies, très fibreuses et de faible valeur nutritive.

L'adaptation du cheval et la gestion de la nutrition

Le cheval est biologiquement programmé pour s'adapter à l'automne.

La baisse de la luminosité et des températures déclenche des mécanismes hormonaux qui le poussent à stocker de la graisse en prévision de l'hiver. Une légère prise de poids à cette saison est donc un phénomène naturel et peut même être bénéfique pour les chevaux qui ont tendance à maigrir en hiver, comme les sujets âgés.

Pour les chevaux en surpoids ou sensibles, il faudra contrôler cette prise de poids. C'est le moment d'évaluer la note d'état corporel (NEC) de chaque cheval et d'anticiper la stratégie pour l'hiver : doit-il prendre un peu de poids, doit-on le restreindre, ou peut-on profiter de l'hiver pour lui faire perdre du poids naturellement grâce à la thermorégulation ?

Conseil pratique : le foin à volonté

Même si l'herbe est abondante, il est très intéressant de laisser du foin à disposition. Les chevaux en consomment volontiers. Cela s'explique par plusieurs raisons :

Compenser la richesse en eau : L'herbe d'automne remplit le système digestif avec beaucoup d'eau, mais l'apport en matière sèche (fibres) peut être insuffisant. Le foin apporte ce "lest" nécessaire.

Assurer une transition alimentaire douce : Proposer du foin dès l'automne permet au microbiote intestinal de s'adapter progressivement au passage d'une alimentation majoritairement à base d'herbe fraîche à une alimentation hivernale à base de fourrages conservés. Cette transition est cruciale pour éviter les troubles digestifs.

La gestion pratique du pâturage automnal

Quand arrêter de pâturer ? La portance du sol !

La question la plus importante en automne est de savoir quand retirer les chevaux des prairies. Le critère principal n'est pas seulement la quantité d'herbe restante, mais la portance du sol.

En automne, le sol est plus humide car il pleut davantage et l'herbe, poussant moins vite, pompe moins d'eau. Un sol humide est un sol fragile. Le piétinement des chevaux, surtout s'ils sont nombreux ou agités, peut rapidement transformer une prairie en champ de boue et de mauvaises herbes en été !

La rénovation des prairies par sursemis

Si une parcelle a été dégradée, l'automne est la période idéale pour effectuer un sursemis, à condition de s'y prendre à temps.

Entretenir la fertilité pour l'avenir

L'automne est le moment parfait pour s'occuper de la fertilité du sol à long terme.

Analyse de sol : C'est la saison idéale pour prélever des échantillons.

Épandage d'amendements : C'est la période pour apporter des matières qui se dégradent lentement.

Envie d'en savoir plus ?
👉 Le replay de notre conférence dédiée est disponible jusque fin septembre (visinnable tout le mois d'octobre).

L’objectif de cette conférence de près de 2h est de vous donner les éléments de décision pour savoir quoi faire, quand et évaluer si une rénovation des prairies est nécessaire pour protéger les parcelles en hiver et obtenir une herbe saine au retour des beaux jours.

• Quelle valeur alimentaire pour l'herbe d'automne ?
• De quel appareillage ai-je besoin pour mettre en ordre mes prairies ?
• Faut-il faucher avant l'hiver ?
• Dois-je étaler ou ramasser les crottins ?
• Quel impact sur le parasitisme ?
• Est-il nécessaire de resemer ? 
• Faut-il éviter le labour ? ...